Le spectacle radiophonique Rewind sera présenté au Festival de la radio et de l’écoute Longueur d’ondes, le vendredi 28 janvier 2022, de  20h30 à  21h45 à La Maison du Théâtre, espace « La Stella » à Brest.

Rewind, à l’origine, fut le fruit d’une exploration collective. En 2020, le comédien Laurent Poitrenaux et l’autrice et chercheuse Karine Le Bail ont projeté de faire travailler les élèves-comédiens de la « Promotion X » de l’Ecole du Théâtre national de Bretagne sur les questions du sonore, de la radio, du jeu au micro. L’idée : faire découvrir la dramaturgie propre au « théâtre pour l’oreille », où l’effet du microphone, parce qu’il transforme l’écoute en la faisant passer par ce que Marcel Proust appelait le filtre obscur du son,permet d’accéder à une qualité d’expression particulière. Le choix de l’auteur à qui dérober un texte à adapter pour la radio s’est très vite porté sur Olivier Cadiot, dont le dernier roman non encore édité, Médecine générale (P.O.L. 2021), met en scène trois personnages aux prises avec un deuil, et une quête : le narrateur, Closure, n’a pas écouté les conseils de son frère décédé et reste obsédé par des questions religieuses ; Mathilde, ethnologue demeurée trente ans en Amazonie, retrouve un pays dont elle ne saisit plus les règles ; Pierre, orphelin surdoué, semble n’avoir plus de passé à lui. Tous trois décident de partir dans la vieille maison de famille de Mathilde pour tenter de comprendre ce qui leur arrive.

3 personnages = 3 voix ? Ce serait trop simple. Dans les livres de Cadiot, les voix se démultiplient et s’entrechoquent, mais « ce flot de paroles ne cherche pas se faire entendre. D’ailleurs cela ne produit aucun son. Du volume peut-être, mais pas de son. Ce ne sont pas des voix. Je n’entends pas des voix. Je sais d’où elles viennent. Ce n’est que moi » [Médecine générale, p. 99].

Pour déplacer ce lieu de l’écriture dans cet autre lieu qu’est l’écoute acousmatique, il fallait absolument se détourner des codes de la « fiction radiophonique » et imaginer une forme plus mouvante et intranquille, où le son, comme appareillant le texte et le stratifiant, s’emploie à renverser l’ordre du langage et à ouvrir un espace pour l’indistinct, l’indéterminé, le possible. Bousculant, coupant, recomposant les premières pages de Médecine générale, Karine Le Bail et Laurent Poitrenaux ont ainsi extrait quatre récits chevauchant les uns sur les autres et distribuant les trois personnages du roman sur quinze voix.

Le collectif qu’ils ont réuni – le réalisateur Thomas Guillaud-Bataille, la comédienne Emmanuelle Lafon, les ingénieurs du son Daniel Deshays et Simon Garrette et enfin le sound designer Nicolas Becker récemment oscarisé (Sound of metal, 2021) – a pu faire du TNB une véritable « maison du son », transformant en aires de jeu (et de remise en jeu) tous ses espaces – plateaux, dessous de scène, ateliers costumes, loges, escaliers, parking souterrain, toit terrasse, quais de déchargement des décors, etc. Poussant les murs du théâtre jusqu’aux jardins publics, aux aires d’autoroutes ou encore aux forêts avoisinantes, l’équipe a joué des interférences entre ces multiples scènes sonores et les dispositifs de prise de son pour créer ces quatre essais radiophoniques improbables.

Car il s’agit bien ici de semer le trouble : « On sait ce que ça n’est pas mais on ne sait pas ce que c’est » (Nicolas Becker).

4 essais radiophoniques d’après le roman d’Olivier Cadiot « Médecine générale »

(P.O.L. 2021, Grand Prix de la Fiction de la Société des Gens de Lettres, SGDL)

Adaptation : Karine Le Bail & Laurent Poitrenaux

Les OBJETS SONORES

1 : « Au ciel »

2 : « Un Diable au paradis »

3 : « Visiting Professor »

4 : « Trois, c’est un bon chiffre »

Avec les voix des élèves comédiens de la « promotion dix » de l’Ecole du TNB, et la participation d’ingénieurs du son de l’Institut Supérieur des Techniques du Son (ESRA-Bretagne)

Une production du Théâtre national de Bretagne (TNB), avec le soutien du ministère de la Culture, du CNRS (réseau SON:S), et du Centre de recherches sur les arts et le langage de l’Ecole des hautes études en sciences sociales (CRAL, EHESS)

Equipe de réalisation : Nicolas Becker, Daniel Deshays, Thomas Guillaud-Bataille, Emmanuelle Lafon, Karine Le Bail, Laurent Poitrenaux

Prise de son et montage : Simon Garrette & les étudiants de l’ESRA-Bretagne

Sound design : Nicolas Becker

GALERIE D’IMAGES

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